Age : 28 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Mer 9 Mar - 9:34
Bizarrement, j'ai jamais eu vraiment besoin de retourner dans mes cours de l'année précédente... Mais je les garde quand même, pour si jamais.
Jun le nénuphar
Age : 28 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Mer 11 Mai - 13:23
(Désolée du double-post, hein :'D)
Alors voilà, comme j'avais la foi (amen), voici ma première rédac' de l'année (où j'ai eu 20 même si je ne pense pas que ça le mérite...)
Ils arriveraient bientôt en haut de la colline, là où le sentier faisait un coude avant de redescendre. Cela paraissait si près et pourtant si loin... Car d'en haut de la colline, on verrait la maison. Et il saurait alors. Mais peut-être savait-il déjà... On verrait la maison, baignant dans la lumière orange du soir. On verrait la fenêtre de la cuisine, et le pot de géraniums. Ou peut-être pas. Peut-être que cette fois, les résistants auraient été trahis. Peut-être que cette fois, sa femme aurait été emmenée... Las de se poser tant de questions, le père s'assit sur un tronc d'arbre. Il attira son fils entre ses genoux. "Tu n'es pas fatigué ? -Non." Non, bien sûr qu'il n'était pas fatigué. Il ne savait pas, lui. Il ne se souciait pas de la guerre, des nazis, des réunions de résistants, de la trahison. L'homme eut un sourire amer. Il aurait tellement aimé pouvoir voir grandir son fils dans un pays en paix et ne pas avoir à s'inquiéter sans cesse. Il caressa doucement les cheveux de l'enfant, sa petite joue potelée. Puis il inspira un grand coup, tentant de chasser l'angoisse et la peine qui lui enserraient la poitrine comme un étau. "Il faut être très, très sage avec ta maman, conseilla-t-il à son fils. Le petit garçon acquiesça. -Un bon petit garçon, ajouta-t-il." Il parlait comme si c'était lui, et non sa femme qui risquait de disparaître. Il était pourtant conscient que c'était le contraire qui se produirait probablement mais il ne pouvait, ne voulait pas l'imaginer. Il se leva enfin, souleva son fils et l'embrassa sur les deux joues, deux fois. Puis, résolu à en avoir le cœur net, il reposa le petit garçon et dit : "Allons." Ils continuèrent le long du chemin, et arrivèrent au sommet de la petite colline. En face, dans le soleil couchant, se tenait la maison. Les yeux du père furent immédiatement attirés par le vide devant la fenêtre de la cuisine. Et ce vide sembla soudain se faire une place dans son cœur, alors que ses derniers espoirs s'envolaient. L'homme serra très fort la main de son fils. "Ҫa y est, je m'en doutais, marmonna-t-il." Immobile sur le sentier, il ne parvenait pas à se débarrasser de l'énorme masse de culpabilité qui pesait sur ses épaules. Il restait simplement là à fixer l'emplacement où aurait dû se trouver le pot de géraniums en répétant : "Bons dieux, comment ai-je pu... puisque je le savais, puisque je le savais." Secouant la tête pour se tirer de sa torpeur, le père dit : "Viens". Sans lâcher la main de son enfant, il fit demi-tour, l'entraînant le plus vite possible loin de la maison. Oui, il fallait le protéger. Ils ne devaient pas le prendre, pas lui aussi. "Où est-ce qu'on va, papa ? Où est-ce qu'on va ? Lui demanda l'enfant. -Chez madame Bufferand. Elle est très gentille, tu la connais, tu coucheras chez elle, répondit-il." Sa voix avait du mal à franchir la barrière de ses lèvres. Évidemment, ils avaient envisagé ce cas de figure. Mais aucune d'entre eux n'avait jamais réellement imaginé que ce jour arriverait... En conduisant son fils chez la voisine, une certitude s'ancra en lui. Et bien qu'il réalisât que cela impliquait qu'il ne reverrait certainement jamais son fils, il sut ce qu'il allait faire.
C'est une réécriture d'une partie d'une nouvelle de Vercors : Ce jour-là (que je vous encourage à lire), sous le point de vue du père.
cherry-chan
Age : 29 Localisation : Cachée dans l'ombre Emploi | Loisirs : Chef de la Légion Cannibale Humeur : Inscrit(e) le : 14/09/2010 Messages : 3828 Points WB : 1
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Jeu 12 Mai - 8:27
Rhaa zut, ça me fait penser à un exercice que j'aurais trop envie de vous montrer. Si je m'en souviens, il fallait faire un texte avec 7 mots donnés et commencer par "Il était une fois". En gros, c'est un délire total. Il me semble que mon personnage meurt à la fin...
Sinon, j'aime bien ton texte Jun, mais ne connaissant pas le texte initial...
Jun le nénuphar
Age : 28 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Sam 14 Mai - 10:43
Oui, c'est sur, faut lire la nouvelle pour comprendre vraiment, mais j'l'ai paumée --'
Par contre, ça c'était un sujet d'invention avec contraintes : Il fallait que ce soit fantastique, et qu'il y ait une robe de mariée, des roses noires, un miroir, une mèche de cheveux et un hennissement de cheval. Alors voilà :
Marie Fauchin était une passionnée de brocantes, dans lesquelles elle passait tous ses dimanches. Elle chinait, marchandait à tout va et revenait le soir les bras et le coffre de la voiture remplis d'objets qui venaient encombrer son petit appartement. Il y avait dans celui-ci tant de choses que la circulation était quasiment impossible pour qui ne connaissait pas le logis par cœur. Mais ce n'était pas un problème pour Marie, elle n'invitait jamais personne.
La trentaine déjà passée, Marie n'avait jamais travaillé, vivant de l'héritage d'un oncle lointain et oublié. D'une timidité maladive, elle redoutait toutefois plus que tout de finir ses jours seule. Elle rêvait d'un mariage magnifique avec son prince charmant – qu'elle n'avait d'ailleurs toujours pas rencontré.
Un beau matin, alors qu'elle flânait dans le vide-grenier d'un petit village, un éclat lumineux attira son attention. Il provenait d'un magnifique miroir en pied, au cadre métallique sculpté. Poussiéreux, terne et abîmé, l'objet plut tout de suite à Marie. Le vendeur, un vieux monsieur à la barbe blanche, lui en proposa un si bon prix qu'elle ne put refuser de l'acheter.
Elle se retrouva donc au volant de son tacot, le miroir sanglé à côté d'elle sur le siège passager, avec dans la poche un morceau de papier avec l'adresse du vendeur, "pour les réclamations".
Une fois le miroir nettoyé et installé sur le dernier emplacement vide du mur de son salon, Marie s'en désintéressa bien vite. Il se fondait si bien dans l'amas hétéroclite d'objets de son appartement qu'elle finit par l'oublier totalement. Cependant, un matin, alors qu'elle sortait de la douche enroulée dans une serviette blanche, elle aperçut son reflet du coin de l'œil. Mais l'image que lui renvoyait le miroir la montrait en robe de mariée, un bouquet de roses à la main !
Surprise, Marie recula brusquement, renversant au passage un guéridon sur lequel reposait une boîte contenant une mèche de cheveux. Déconcentrée par le bruit de la chute, Marie quitta le miroir des yeux. Lorsque son regard se fixa a nouveau dessus, l'image avait disparu. Marie secoua la tête. Elle avait dû rêver. Pourtant, pendant quelques jours, elle guetta inlassablement son reflet transformé... Qui resta résolument invisible.
Le reflet réapparut un après-midi, alors que Marie s'était persuadée qu'il n'était que le fruit de son imagination. De stupeur, elle lâcha sa tasse de thé qui vint se briser au sol. Le liquide lui brûla cruellement le pied, et son attention fut détournée du miroir. Quand elle posa à nouveau ses yeux dessus, le reflet était redevenu normal.
Ce curieux manège se répéta pendant un mois. Elle guettait l'apparition, rien ne se passait, elle oubliait le miroir, et son reflet changeait quand elle s'y attendait le moins ! Ainsi lui apparut un détail qui lui avait échappé la première fois : les roses de la mariée étaient noires...
Bientôt, elle s'habitua à la "présence" dans le miroir. C'était devenu pour elle un repère, une habitude. Elle avait appris à guetter le reflet du coin de l'œil, car on ne pouvait l'apercevoir que de cette manière.
Bien sûr, au début, Marie s'était posée des questions. Pourquoi voyait-elle cette mariée ? N'était-ce pas simplement la projection de ses rêves de mariage ? Mais la dame du miroir n'avait pas exactement les mêmes traits qu'elle. Et puis, après tout, elle n'était pas folle...
De plus en plus attachée à son miroir, Marie se renfermait chaque jour un peu plus dans la solitude. Un matin, sa mère en visite le lui fit remarquer. Elle se contenta de hausser les épaules, taisant jalousement le secret du miroir. Car elle en était persuadée : elle seule pouvait voir la mariée et ses roses noires.
Un soir, alors qu'elle sirotait son thé, il lui vint à l'esprit que ce miroir devait avoir une histoire. Après tout, il était ancien... Il y avait certainement une raison à l'apparition qui "hantait" l'objet... Cette idée lui trotta dans la tête jusqu'à ce qu'elle retrouve par hasard dans une poche de son manteau l'adresse du vieil homme qui lui avait vendu le miroir. Elle décida sur le champ de tenter de le retrouver. Rechignant désormais à se séparer de son miroir ne serait-ce que quelques instants, elle le cala à côté d'elle sur le siège passager de sa voiture.
Marie eut bien du mal à trouver la maison. Perdue en pleine campagne, elle dut plusieurs fois frapper à la porte des fermes isolées pour demander son chemin. En suivant toutes les indications, elle parvint à une grande maison qui semblait à l'abandon. Elle sonna, une fois, deux fois... Personne ne répondait. D'un bâtiment derrière la maison provenaient des raclements et des hennissements de chevaux. L'écurie, supposa Marie. Elle s'y rendit et poussa la porte en bois.
"Bonjour..."
Une femme au teint rougeaud, en train d'étriller un cheval, lui répondit :
"Bonjour ! Je peux vous aider ?"
Marie lui décrivit le vieil homme qu'elle cherchait.
"Oh, monsieur Blanchard ? Je suis au regret de vous annoncer qu'il est décédé. Une mauvaise chute dans les escaliers, le pauvre homme..."
Marie était atterrée. Elle ne saurait donc jamais l'histoire de son miroir, qui était devenue comme une obsession pour elle... Elle eut une idée.
"Si vous connaissiez M. Blanchard, peut-être vous souvenez-vous d'un miroir qu'il affectionnait ?
-Et comment ! C'était le cadeau de mariage de sa fiancée, Betty. Elle est morte le jour de son mariage. Il y avait de la grêle, un vitrail de l'église s'est brisé et un morceau de verre lui a tranché la veine du cou, la pauvrette... Certains disent que c'est parce qu'il avait vu sa robe avant la cérémonie..."
Tout devenait clair dans l'esprit de Marie. Pourtant, au lieu d'être horrifiée, elle eut un élan d'affection pour le fantôme de Betty prisonnier du miroir. La femme, en face d'elle, tout en continuant d'étriller les chevaux, poursuivit :
"Il a passé des années à regarder ce miroir tous les jours pendant des heures. Comme s'il pouvait y voir sa Betty !"
La femme gloussa pour souligner l'absurdité de ce comportement. Marie, quant à elle, ne songeait qu'à rentrer chez elle avec son précieux miroir, afin de l'étudier davantage. Elle remercia la femme d'un air absent et remonta dans sa voiture, reprenant la route qui menait à la ville. Excitée par sa découverte, elle ne faisait pas attention à la route et se perdit un peu, faisant un détour de plus d'une heure. La nuit tomba.
Marie jeta un coup d'œil au miroir. À l'intérieur du cadre, la mariée lui tendait son bouquet de roses noires en souriant gentiment, comme pour l'inviter à la rejoindre. Elle tendit sa main, comme hypnotisée. La voiture dévia de sa trajectoire et vint s'écraser contre un platane. La ceinture de sécurité retenant le miroir se défit et il vint heurter la boîte à gants, se brisant en mille morceaux. Un éclat de verre se planta dans la carotide de Marie, mais elle ne le sentit pas. Son cœur s'était arrêté.
Au loin, le hennissement d'un cheval retentit, tel un rire macabre.
Mom
Age : 28 Localisation : Sur un tabouret bancal, au bar de la taverne. Emploi | Loisirs : Sirote un coca tout en racontant des blagues pas drôles au barman qui en a ras-le-bol. Humeur : Inscrit(e) le : 15/11/2009 Messages : 1024 Points WB : 175
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Dim 15 Mai - 16:46
Wow, je trouve que tu as énormément de talent :inlove: Et cette phrase de fin est juste excellente!
Jun le nénuphar
Age : 28 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Mar 17 Mai - 10:14
Merci :oops:
(Je suis quand même étonnée que tu aies eu le courage de lire tout ça xD)
Mom
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Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Jeu 19 Mai - 18:12
Oh, j'avais rien à faire xD (appart les devoirs biensur uhuh!) Et puis ça en a valu le coup
Jun le nénuphar
Age : 28 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Ven 20 Mai - 9:41
Merci encore, hein
Mom
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Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Ven 20 Mai - 19:54
Et bien, derien encore ^^
Damoiselle Opale
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Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Lun 24 Oct - 19:48
J'en ai fait deux, dont un ridicule ( de cette année...) il faut que je retrouve le premier, j'avais eu un 19/20
Seiden
Age : 30 Localisation : Sous le pommier du jardin d'Eden Emploi | Loisirs : Convertisseur d'oxygène en dioxyde de carbone. Humeur : Inscrit(e) le : 09/02/2013 Messages : 79 Points WB : 1
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Dim 10 Fév - 14:14
ESt-ce que des travaux de lycéen non-littéraire peuvent vraiment vous interesser? J'en ai gardé de nombreux, mais cela reste des travaux de lycéen en classe scientifique....
Jun le nénuphar
Age : 28 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Mar 12 Fév - 14:36
Et alors, moi aussi je suis en classe scientifique, j'ai pas hésité à poster !
Et vu la qualité de ta présentation, je pense que tes écrits devraient être assez sympas à lire, alors n'hésite pas !
Seiden
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Sujet: Re: Vos travaux d'écriture d'école Dim 17 Fév - 15:25
Mais.... arrêtez de me surestimer, ma présentation ne signifie rien >__> Bon. En attendant de retrouver mes vieilles rédactions, je vous balance un devoir de philosophie qui trainait encore là.
Spoiler:
Devoir scolaire de Philosophie. 19/10/2010 Sujet: la conscience rend-elle libre?
Beaucoup considèrent que ce qui fait le propre de l'homme, c'est la conscience. L'homme est un être conscient, c'est à dire qu'il a la faculté mentale, donc psychologique, d'appréhender des éléments extérieurs tels qu'ils se présentent à l'esprit ou des sentiments intérieurs de façon subjective. Il sait que les choses existent et peut donc développer une pensée à propos de ces choses. Ainsi, il peut interpréter les choses qui l'entourent de manière réfléchie, sans se référer uniquement à son instinct. On a conscience de son propre fonctionnement et de celui des autres et de la société, et c'est ce qui nous permet d'y réfléchir et d'agir en conséquent. De part sa conscience, l'homme est capable de prendre une distance mentale par rapport à son environnement, et donc d'agir en fonction de ce qu'il désire, de ce qu'il veut faire par lui même, et non uniquement selon son instinct. Cependant, la définition première du mot « conscience » concerne une autre forme de conscience, développée par la vie politique des êtres humains: la conscience morale. Il s'agit d'une forme plus réfléchie et parfois acquise de la conscience. Ce n'est pas simplement avoir quelque chose à l'esprit, c'est juger de valeurs, c'est déterminer soi même la direction à donner à ses pensées. La conscience morale, c'est savoir ce qui est « bien » et ce qui est « mal », et donc veiller à agir et penser dans le « bien ». Cela entraine une réduction de la liberté de l'individu. Dans l'obligation morale de répondre aux lois du « bien », ou simplement d'obéir aux lois officielles de notre pays, nous devons parfois restreindre nos envies, nos désirs. Ainsi, si notre désir est de tuer quelqu'un qui nous a fait du mal, notre conscience nous prive de cette liberté, car nous avons conscience que c'est « mal » et que c'est interdit. La conscience peut donc aussi nous priver de notre liberté d'agir, en posant des limites à ce que chacun peut s'autoriser ou ne pas s'autoriser. Ainsi, la conscience peut être liberté tout comme elle peut être prison. Notre conscience du monde nous permet d'agir après réflexion et de nous détacher de notre instinct, nous permettant ainsi d'agir de manière plus libre en jugeant de la justesse ou de l'utilité réelle de nos envies, de nos désirs, ou de contrer les gestes définis par notre instinct pour des raisons réfléchies par notre conscience. Mais cette liberté créée par la conscience n'est pas totale. Notre conscience peut nous empêcher d'agir selon certains désirs, la réflexion peut nous pousser à abandonner une envie. La conscience permet donc d'agrandir nos libertés sur certaines voies mais les restreins sur d'autres. Or ces restrictions morales ne sont-elles que de faibles limites de la liberté, par rapport à celle d'agir en deçà de nos instincts? De manière générale, la conscience nous rend-elle libre? La liberté est une notion pouvant avoir une valeur propre selon l'échelle à laquelle on se trouve. Ainsi, si nous ne sommes pas enfermés, ou enchainés, nous sommes libres, du moins physiquement libres, et nous avons conscience de notre liberté. Nous sommes conscient que nous pouvons aller où bon nous semble sans être entravés physiquement par des chaines, sans être stoppés par les barreaux d'une cage. Cependant, la liberté peut aussi concerner la liberté psychologique, la liberté morale. Ainsi, alors qu'un animal obéit à ses instincts qui lui diront de manger, se reproduire ou se protéger, l'humain est capable, de part sa conscience, de prendre du recul par rapport à ses instincts, et de prendre la liberté de leur obéir ou non. De ce fait, l'homme est capable d'une liberté d'agir due à sa capacité de réflexion. Si son instinct lui dit « mange », l'homme est capable, pour diverses raisons modélisées par sa conscience, de ne pas suivre son instinct et de prendre la liberté de ne pas manger. L'homme est aussi capable de transgresser la règle essentielle animant tous les instincts, c'est à dire la notion de survie de l'espèce et de soi-même, et prendre la liberté de se donner la mort par lui même. Il est un être qui pense, donc qui réfléchit, et juge de la valeur de ses instincts. Au delà de ses désirs, il sait si cela est réellement bon pour lui, ou simplement si il a envie de le faire. Ainsi, un humain sait que travailler le fatigue ou l'ennuie souvent, et s'il obéissait à ses instincts, il ne travaillerait pas sans y être contraint. Mais il a conscience que si il ne travaille pas, il ne recevra pas d'argent: de part sa conscience, il se projette donc dans le futur afin de déterminer ce qui aura la meilleure finalité pour lui. Ainsi, même si son instinct peut lui dire de se reposer, il ira travailler par lui même. Donc, la conscience rend l'homme libre d'agir comme il le souhaite, sans suivre uniquement ses instincts. De plus, en tant qu'être conscient, l'homme examine le monde qui l'entoure, il pense et réfléchit. Il a conscience de ce que sont les choses et peut donc réfléchir à chacune d'entre elles afin de déterminer quel serait le meilleur comportement à adopter. Il n'agit pas impulsivement sans connaissance du monde extérieur. Sorti de l'obscurantisme, l'homme peut fonder ses propres idées, il a conscience de la réalité des choses et en est donc moins manipulable: il trouve la liberté d'agir selon ses propres convictions, en fonction de son propre savoir et de sa propre conscience du monde. Ce ne sont pas seulement ses instincts, ses impulsions ou le chemin tracé par les autres qui guident ses gestes: se sont ses propres désirs, sa propre pensée, selon sa propre réflexion du monde. L'homme, conscient de la nature anarchique de son espèce, a aussi créé des lois permettant de réguler la vie politique de chacun. Sans loi auxquelles on le contraint d'obéir, la société humaine générerait un désordre, l'espèce humaine n'étant pas capable de se gérer par elle même. Ainsi, les humains se détruiraient, ou détruiraient la liberté de chacun. De ce fait, l'homme, ayant conscience de leur nécessité, a créé des lois qui, paradoxalement, ont souvent pour but de préserver la liberté de chacun. De cette manière, par sa conscience d'être politique, et par le fait que chacun, par conscience des répressions possibles, respecte ces lois, la réglementation civile permet de préserver la liberté de chacun. Ainsi, il est interdit de tuer, d'enfermer, d'empêcher la libre expression ou la libre pensée d'un autre être humain (cependant, la loi ne permet pas de préserver la liberté des espèces animales). Ces lois freinent donc quelque part la liberté de chacun, en nous interdisant de tuer si cela est notre désir, mais freiner quelque peu la liberté de chacun permet paradoxalement de conserver une liberté pour tous. Ainsi, au lieu d'avoir quelques personnes ayant une liberté totale et privant les autres de toute liberté, chaque être humain a une grande liberté, du moins dans les pays respectant ces règles civiles. De plus, en dehors du code pénal de chaque pays, il y a des règles mineures qui interviennent dans l'éducation de chacun. Si on laissait à chaque enfant la liberté de faire ce qu'il veut, cela pourrait affecter sa liberté en tant qu'adulte. Ainsi, il faut forcer l'enfant à marcher et à parler afin qu'il acquiert la liberté de se mouvoir debout et de s'exprimer. La conscience réfléchie du monde et des nécessites qu'il crée a donc poussé l'homme à créer des lois qui, s'ils freinent quelque peu la liberté de chacun, permettent à chacun de jouir d'une certaine liberté. Cependant, elles ne permettent tout de même pas une liberté totale, dans le sens où leur but est justement de restreindre certaines formes de la liberté afin d'en permettre d'autres.
Ces lois ne permettent donc pas une liberté totale de chacun. Si on a envie de passer notre vie de manière archaïque ou aux dépends des autres, la société ne nous le permet pas. Si on a envie de tuer un voisin qui nous dérange, la loi nous l'interdit, et notre conscience des répressions nous force donc à supporter ce voisin, sans prendre la liberté de nous en débarrasser. Les lois interdisent l'enfermement ou l’enchaînement, mais elles nous interdisent aussi d'aller dans le jardin d'un inconnu, de visiter une propriété privée, et parfois de franchir certaines frontières. Ainsi, notre liberté, même de mouvement, n'est que relative. De plus, malgré notre conscience nous donnant une capacité de choix et de réflexion, nos instincts domineront toujours. On peut trouver la force de s'arrêter de manger, mais face à un aliment, il nous sera difficile de désobéir à notre instinct. De plus, il est probable que la grande majorité de nos désirs et aspirations soient guidées par nos instincts et nos enseignements, même si nous pensons que ces désirs sont les fruits de notre conscience libre. Notre conscience du monde et de la réalité des faits nous permet de prendre du recul par rapport à nos instincts afin de prendre la liberté d'agir sans forcément leur obéir, mais ce que nous prenons pour étant nos propres désirs n'est-il pas en réalité modelé par nos instincts et déterminations? De plus, les lois civiles ou d'éducation nous ôtent tout de même une grande part de notre liberté.
De par sa conscience civile et morale, l'homme permet une liberté pour tous, mais restreint sa propre liberté. Nous sommes conditionnés pour faire ce qui est jugé comme « bien », car nous avons peur des conséquences du « mal ». Nous devons souvent taire nos désirs, et parfois nous forcer à des actions que l'on ne désire pas vraiment, au nom de cette conscience morale. Dès l'enfance, on apprends à faire la distinction entre le bien et le mal, et les parents nous punissent si ce que l'on fait est considéré comme mal par la société. Ce n'est pas là notre propre considération des choses, ce n'est pas à chacun de déterminer ce que l'on juge être « bien » et ce que l'on juge être « mal », c'est la société qui le décide et qui nous l'enseigne, nous imposant la vision du monde de la majorité. C'est pourquoi, non seulement pour les lois politiques, mais aussi pour de nombreux aspects de notre vie sociale, nous sommes conditionnés par notre conscience de la société, et de ses règles telles que la politesse ou le respect aux « supérieurs » qui nous impose parfois une certaine soumission qui n'est pas choisie. De plus, la société humaine établit des règles implicites, qui s'adressent non pas à notre morale mais à notre conscience de la société. Nous avons conscience que pour s'intégrer dans la société, trouver une bonne place sociale (ce que notre instinct nous pousse à rechercher), il faut plaire aux autres. C'est en ayant conscience de ce que demande la société que l'homme adapte ses envies, ses désirs et ses comportements. Ainsi, la mode vestimentaire déterminera ce que les humains voudront porter, et la société de consommation créera chez beaucoup le désir de posséder certains objets comme un ipod ou une grande voiture dans le seul but de se créer une place dans la société en se donnant une image à l'aide d'objets dont on aurait pu ne pas avoir le désir si l'on avait pas conscience de leur image. De ce fait, de part notre conscience, nous ne sommes pas libres de porter les vêtements que l'on désire: on peut le faire, mais beaucoup préférerons porter des vêtements correspondant à ce qui convient à la société dans le but de répondre à une norme, et, même si en été notre désir peut être de nous dévêtir afin d'avoir moins chaud, notre conscience des lois et de la morale nous en empêche, et nous ne pouvons prendre cette liberté: nous devons donc garder sur nous ces tissus inutiles qui accentuent l'effet de chaleur. Cet exemple peut s'étendre à de nombreux aspects de la vie et des désirs des hommes vivant en société. La conscience de la société freine nos désirs: on peut s'ôter la liberté de manger du chocolat (objet du désir) car on a conscience que, si l'on grossit, cela ternira notre image en société (conscience). Ainsi, la conscience du monde qui nous entoure et du fonctionnement de notre société nous ôte notre liberté d'agir et de penser comme on le désire, en nous déterminant à agir et penser comme le désire la société. En tant qu'être vivant, l'homme obéit à des instincts, ses pensées ne sont que le produit de signaux électriques circulant dans un amas de cellules neuronales examinant ce qu'elles connaissent, de façon innée ou par expérience, afin de créer des pulsions, des pensées et des sentiments dont le but est de répondre à un besoin primaire ou secondaire. Tous nos désirs sont déterminés par le besoin de confort personnel. Nous cherchons à retirer du plaisir de tout ce que nous entreprenons. C'est pourquoi nous cherchons à avoir une bonne place dans la société pour flatter notre ego, ou à gagner beaucoup d'argent pour s'acheter des produits de qualité, ou à être aimé, séduire, ou satisfaire nos envies de nourriture sucrée, tout cela servant uniquement à s'apporter du plaisir. Cependant, en tant qu'être plus évolué, les désirs de l'homme peuvent être plus profonds, plus complexes, et parfois plus implicites. Ainsi, un homme pourra consacrer son temps libre au bonheur des autres (associations humanitaires), donnant l'impression qu'il se soucie de ses semblables avant de se soucier de lui même. Mais cela entraine une certaine reconnaissance, cela permet de se donner bonne conscience, ou de se sentir supérieur en tant qu'être généreux et serviable. L'éducation, les expériences vécues et l'influence de la société conditionnent le cerveau de chacun et, finalement, ce que nous prenons pour nos pensées et désirs propres, créés par la libertés due à notre conscience, n'est qu'une impression de pensée indépendante: tout trouve une source plus ou moins proche dans notre psychologique, nous réagissons selon des stimulations extérieures et des souvenirs. Le cerveau humain ne possède certainement pas d'âme, mais possède simplement un réseau de neurones communiquant entre eux par le biais de liaisons chimiques. Nous restons, tels les animaux, déterminés par nos désirs, nos instincts et nos enseignements et n'avons pas de réelle liberté.
Ainsi, même si notre conscience du caractère anarchique de l'être humain nous a permis de créer des lois accordant à chacun d'avoir une grande part de liberté (du moins dans la majeure partie des sociétés des pays dits « industrialisés»), ces lois restent une limite à ce que l'on peut s'autoriser à faire. Notre conscience nous permet alors de réfléchir au « bien » et au « mal », de déterminer la meilleure voie à prendre, mais nous enferme par conséquent dans un schéma de pensée pré-conçu par la société, ne nous permettant pas de créer notre propre monde de pensée. Notre conscience peut nous permettre de réfléchir à nos désirs réels, mais nous poussera surtout à désirer ce que la société veut que l'on désire. De ce fait, même si nous pensons que de part notre conscience, nous sommes capables de penser, agir et désirer librement, nous restons déterminés par de nombreux facteurs extérieurs, et notre réelle liberté mentale est moindre. Nous sommes libres d'agir, de nous mouvoir, d'aller où nous voulons dans le sens où nous ne sommes ni enfermés, ni enchaînes, mais les règles de la société fondés par la conscience humaine détermine de nombreux lieux où nous ne pouvons aller, de nombreux gestes qu'il nous est interdit d'accomplir, notre liberté physique reste donc relative. Ainsi, notre conscience ne nous offre pas de réelle liberté physique, mentale ou morale. Nous restons restreints par les règles de notre société, elles mêmes crées par la conscience humaine.