Age : 29 Localisation : Cachée dans l'ombre Emploi | Loisirs : Chef de la Légion Cannibale Humeur : Inscrit(e) le : 14/09/2010 Messages : 3828 Points WB : 1
Sujet: Vos poèmes du moment. Ven 1 Oct - 23:00
Quels sont les poèmes qui vous inspire pour le moment ? Tristesse, amour, douleur ?
Seigneur, quand froide est la prairie, Quand dans les hameaux abattus, Les longs angelus se sont tus... Sur la nature défleurie Faites s'abattre des grands cieux Les chers corbeaux délicieux.
Armée étrange aux cris sévères, Les vents froids attaquent vos nids ! Vous, le long des fleuves jaunis, Sur les routes aux vieux calvaires, Sur les fossés et sur les trous Dispersez-vous, ralliez-vous !
Par milliers, sur les champs de France, Où dorment des morts d'avant-hier, Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver, Pour que chaque passant repense ! Sois donc le crieur du devoir, Ô notre funèbre oiseau noir !
Mais, saints du ciel, en haut du chêne, Mât perdu dans le soir charmé, Laissez les fauvettes de mai Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne, Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir, La défaite sans avenir.
(ARTHUR RIMBAUD - Les corbeaux)
Mon préféré
Jun le nénuphar
Age : 29 Localisation : Au pays de Fort fort lointain Emploi | Loisirs : Recruteuse de la Légion Cannibale | Empoisonneuse de végétariens Humeur : Inscrit(e) le : 08/09/2009 Messages : 6117 Points WB : 12
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Sam 2 Oct - 11:43
Heureux comme la truite remontant le torrent
Heureux le coeur du monde Sur son jet d'eau de sang Heureux le limonaire Hurlant dans la poussière De sa voix de citron Un refrain populaire Sans rime ni raison Heureux les amoureux Sur les montagnes russes Heureuse la fille rousse Sur son cheval blanc Heureux le garçon brun Qui l'attend en souriant Heureux cet homme en deuil Debout dans sa nacelle Heureuse la grosse dame Avec son cerf-volant Heureux le vieil idiot Qui fracasse la vaisselle Heureux dans son carrosse Un tout petit enfant Malheureux les conscrits Devant le stand de tir Visant le coeur du monde Visant leur propre coeur Visant le coeur du monde En éclatant de rire.
Prévert (Fête foraine)
Un vieillard en or avec une montre en deuil Une reine de peine avec un homme d’Angleterre Et des travailleurs de la paix avec des gardiens de la mer Un hussard de la farce avec un dindon de la mort Un serpent à café avec un moulin à lunettes Un chasseur de corde avec un danseur de têtes Un maréchal d’écume avec une pipe en retraite Un chiard en habit noir avec un gentleman au maillot Un compositeur de potence avec un gibier de musique Un ramasseur de conscience avec un directeur de mégots Un repasseur de Coligny avec un amiral de ciseaux Une petite sœur du Bengale avec un tigre de Saint-Vincent-de-Paul Un professeur de porcelaine avec un raccommodeur de philosophie Un contrôleur de la Table Ronde avec des chevaliers de la Compagnie du gaz de Paris Un canard à Sainte-Hélène avec un Napoléon à l’orange Un conservateur de Samothrace avec une victoire de cimetière Un remorqueur de famille nombreuse avec un père de haute mer. Un membre de la prostate avec une hypertrophie de l’Académie française Un gros cheval in partibus avec un grand évêque de cirque Un contrôleur à la croix de bois avec un petit chanteur d’autobus Un chirurgien terrible avec un enfant dentiste Et le général des huîtres avec un ouvreur de Jésuite
Prévert (Cortège)
Farfanor
Age : 33 Localisation : Au pays des chauves-souris Emploi | Loisirs : Manger des nouilles chinoises Humeur : Inscrit(e) le : 27/06/2009 Messages : 3794 Points WB : 130
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Dim 3 Oct - 20:21
En ce moment, sans ressentir de tristesse, j'aime lire ces quelques vers de Hugo :
Citation :
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Et à ce poème j'ajouterais, même si la chanson d'automne de Verlaine correspondrait mieux, une photo ou une peinture d'une forêt aux couleurs de l'automne (que le début de cette saison est si belle !).
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Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Lun 4 Oct - 17:30
Un "petit" extrait de Chant de Moi-même, de Walt Whitman, le poème que je pourrais lire et relire encore.
Walt Whitman, un cosmos, de Manhattan le fils, Turbulent, bien en chair, sensuel, mangeant, buvant et procréant, Pas sentimental, pas dressé au-dessus des autres ou à l'écart d'eux Pas plus modeste qu'immodeste.
Arrachez les verrous des portes ! Arrachez les portes mêmes de leurs gonds !
Qui dégrade autrui me dégrade Et rien ne se dit ou se fait, qui ne retourne enfin à moi.
A travers moi le souffle spirituel s'enfle et s'enfle, à travers moi c'est le courant et c'est l'index.
Je profère le mot des premiers âges, je fais le signe de démocratie,
Par Dieu ! Je n'accepterai rien dont tous ne puissent contresigner la copie dans les mêmes termes. A travers moi des voix longtemps muettes
Voix des interminables générations de prisonniers, d'esclaves, Voix des mal portants, des désespérés, des voleurs, des avortons, Voix des cycles de préparation, d'accroissement, Et des liens qui relient les astres, et des matrices et du suc paternel. Et des droits de ceux que les autres foulent aux pieds, Des êtres mal formés, vulgaires, niais, insanes, méprisés, Brouillards sur l'air, bousiers roulant leur boule de fiente.
A travers moi des voix proscrites, Voix des sexes et des ruts, voix voilées, et j'écarte le voile, Voix indécentes par moi clarifiées et transfigurées.
Je ne pose pas le doigt sur ma bouche Je traite avec autant de délicatesse les entrailles que je fais la tête et le cœur. L'accouplement n'est pas plus obscène pour moi que n'est la mort. J'ai foi dans la chair et dans les appétits, Le voir, l'ouïr, le toucher, sont miracles, et chaque partie, chaque détail de moi est un miracle.
Divin je suis au dedans et au dehors, et je sanctifie tout ce que je touche ou qui me touche. La senteur de mes aisselles m'est arôme plus exquis que la prière, Cette tête m'est plus qu'église et bibles et crédos.
Si mon culte se tourne de préférence vers quelque chose, ce sera vers la propre expansion de mon corps, ou vers quelque partie de lui que ce soit. Transparente argile du corps, ce sera vous ! Bords duvetés et fondement, ce sera vous ! Rigide coutre viril, ce sera vous ! D'où que vous veniez, contribution à mon développement, ce sera vous ! Vous, mon sang riche ! vous, laiteuse liqueur, pâle extrait de ma vie ! Poitrine qui contre d'autres poitrines se presse, ce sera vous ! Mon cerveau ce sera vos circonvolutions cachées ! Racine lavée de l'iris d'eau ! bécassine craintive ! abri surveillé de l'œuf double ! ce sera vous ! Foin emmêlé et révolté de la tête, barbe, sourcil, ce sera vous ! Sève qui scintille de l'érable, fibre de froment mondé, ce sera vous ! Soleil si généreux, ce sera vous ! Vapeurs éclairant et ombrant ma face, ce sera vous ! Vous, ruisseaux de sueurs et rosées, ce sera vous ! Vous qui me chatouillez doucement en frottant contre moi vos génitoires, ce sera vous ! Larges surfaces musculaires, branches de vivant chêne, vagabond plein d'amour sur mon chemin sinueux, ce sera vous ! Mains que j'ai prises, visage que j'ai baisé, mortel que j'ai touché peut-être, ce sera vous !
Je raffole de moi-même, mon lot et tout le reste est si délicieux ! Chaque instant et quoi qu'il advienne me pénètre de joie, Oh ! je suis merveilleux ! Je ne sais dire comment plient mes chevilles, ni d'où naît mon plus faible désir. Ni d'où naît l'amitié qui jaillit de moi, ni d'où naît l'amitié que je reçois en retour.
Lorsque je gravis mon perron, je m'arrête et doute si ce que je vois est réel. Une belle-de-jour à ma fenêtre me satisfait plus que toute la métaphysique des livres. Contempler le lever du jour ! La jeune lueur efficace les immenses ombres diaphanes L'air fleure bon à mon palais. Poussées du mouvant monde, en ébrouements naïfs, ascension silencieuse, fraîche exsudation, Activation oblique haut et bas. Quelque chose que je ne puis voir érige de libidineux dards Des flots de jus brillant inondent le ciel.
La terre par le ciel envahie, la conclusion quotidienne de leur jonction Le défi que déjà l'Orient a lancé par-dessus ma tête, L'ironique brocard : Vois donc qui de nous deux sera maître !
(sachant que le dit poème est en 52 parties, ça aurait été un peu long)
cherry-chan
Age : 29 Localisation : Cachée dans l'ombre Emploi | Loisirs : Chef de la Légion Cannibale Humeur : Inscrit(e) le : 14/09/2010 Messages : 3828 Points WB : 1
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Dim 7 Nov - 14:55
Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables!
(L'homme et la mer - Baudelaire) ?????????????????????!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!?????????????????????????
Oh ! combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis ? Combien ont disparu, dure et triste fortune ? Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l'aveugle océan à jamais enfoui ?
Combien de patrons morts avec leurs équipages ? L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots ! Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée, Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ; L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues ! Vous roulez à travers les sombres étendues, Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus Oh ! que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve, Sont morts en attendant tous les jours sur la grève Ceux qui ne sont pas revenus !
On demande " Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ? Nous ont' ils délaissés pour un bord plus fertile ? " Puis, votre souvenir même est enseveli. Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire. Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire, Sur le sombre océan jette le sombre oubli
On s'entretient de vous parfois dans les veillées, Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées, Mêle encore quelque temps vos noms d'ombre couverts, Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures, Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures Tandis que vous dormez dans les goémons verts !
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue. L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ? Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur, Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre, Parlent encore de vous en remuant la cendre De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière, Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond, Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne, Pas même la chanson naïve et monotone Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ? O flots ! que vous savez de lugubres histoires ! Flots profonds redoutés des mères à genoux ! Vous vous les racontez en montant les marées, Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous...
(Oceano Nox - Victor Hugo)
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Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Dim 9 Jan - 17:00
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours !
" Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux.
" Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore Va dissiper la nuit.
" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! "
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux.
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : Ils ont aimé !
Alphonse de Lamartine, Le Lac
meitsme
Age : 32 Localisation : Canapé xD Emploi | Loisirs : Ecrire, lire, le catch ♥ Humeur : Inscrit(e) le : 13/11/2009 Messages : 1109 Points WB : 1
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Mer 11 Jan - 21:36
Impromptu (En réponse à la question : Qu'est-ce que la Poésie ? )
Chasser tout souvenir et fixer sa pensée, Sur un bel axe d'or la tenir balancée, Incertaine, inquiète, immobile pourtant, Peut-être éterniser le rêve d'un instant ; Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ; Écouter dans son coeur l'écho de son génie ; Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ; D'un sourire, d'un mot, d'un soupir, d'un regard Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme Faire une perle d'une larme : Du poète ici-bas voilà la passion, Voilà son bien, sa vie et son ambition.
Alfred Louis Charles de Musset
«Un souvenir heureux est peut-être sur terre Plus vrai que le bonheur.» (Extrait des Poésies nouvelles)
meitsme
Age : 32 Localisation : Canapé xD Emploi | Loisirs : Ecrire, lire, le catch ♥ Humeur : Inscrit(e) le : 13/11/2009 Messages : 1109 Points WB : 1
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Mer 11 Jan - 21:38
Et celui là aussi, positif et très joli (je préfère quand c'est positif)
AUBE
J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Arthur Rimbaud.
Carow
Age : 30 Localisation : Devant l'ordinateur (si si je vous assure...) Emploi | Loisirs : Théâtre !! Humeur : Inscrit(e) le : 10/01/2012 Messages : 356 Points WB : 61
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Jeu 12 Jan - 17:28
Déclaration d'amour, sans utiliser les mots... Il est assez bizarre, mais je le trouve tellement beau
Prendre corps ~ Ghérasim Luca
Prendre corps
Je te flore Tu me faunes
Je te peau Je te porte Et te fenêtre Tu m’os Tu m’océan Tu m’audace Tu me météorite Je te clef d’or Je t’extraordinaire Tu me paroxysme
Tu me paroxysme Et me paradoxe Je te clavecin Tu me silencieusement Tu me miroir Je te montre
Tu me mirage Tu m’oasis Tu m’oiseau Tu m’insecte Tu me cataracte
Je te lune Tu me nuage Tu me marée haute Je te transparente Tu me pénombre Tu me translucide Tu me château vide Et me labyrinthe Tu me paralaxe Et me parabole Tu me debout Et couché Tu m’oblique
Je t’équinoxe Je te poète Tu me danse Je te particulier Tu me perpendiculaire Et soupente
Tu me visible Tu me silhouette Tu m’infiniment Tu m’indivisible Tu m’ironie
Je te fragile Je t’ardente Je te phonétiquement Tu me hiéroglyphe
Tu m’espace Tu me cascade Je te cascade A mon tour mais toi
Tu me fluide Tu m’étoile filante Tu me volcanique Nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement Jour et nuit Nous nous aujourd’hui même Tu me tangente Je te concentrique
Tu me soluble Tu m’insoluble Tu m’asphyxiant Et me libératrice Tu me pulsatrice
Tu me vertige Tu m’extase Tu me passionnément Tu m’absolu Je t’absente Tu m’absurde
Prendre corps
Je te narine je te chevelure Je te hanche Tu me hantes Je te poitrine Je buste ta poitrine puis te visage Je te corsage Tu m’odeur tu me vertige Tu glisses Je te cuisse je te caresse Je te frissonne Tu m’enjambes Tu m’insuportable Je t’amazone Je te gorge je te ventre Je te jupe Je te jarretelle je te bas je te Bach Oui je te Bach pour clavecin sein et flûte
Je te tremblante Tu me séduis tu m’absorbes Je te dispute Je te risque je te grimpe Tu me frôles Je te nage Mais moi tu me tourbillonnes Tu m’effleures tu me cernes Tu me chair cuir peau et morsure Tu me slip noir Tu me ballerines rouges Et quand tu ne haut-talon pas mes sens Tu les crocodiles Tu les phoques tu les fascines Tu me couvres Je te découvre je t’invente Parfois tu te livres
Tu me lèvres humides Je te délivre je te délire Tu me délires et passionnes Je t’épaule je te vertèbre je te cheville Je te cils et pupilles Même à distance tu m’aisselles Je te respire Jour et nuit je te respire Je te bouche Je te palais je te dents je te griffe Je te vulve je te paupières Je te haleine Je t’aine Je te sang je te cou Je te mollets je te certitude Je te joues et te veines
Je te mains Je te sueur Je te langue Je te nuque Je te navigue Je t’ombre je te corps et te fantôme Je te rétine dans mon souffle Tu t’iris
Je t’écris Tu me penses
cherry-chan
Age : 29 Localisation : Cachée dans l'ombre Emploi | Loisirs : Chef de la Légion Cannibale Humeur : Inscrit(e) le : 14/09/2010 Messages : 3828 Points WB : 1
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Jeu 12 Jan - 19:55
Haaan Carow ! J'adore le tien Oo Je le marquerais bien quelque part tiens...
A BETTER TOMORROW
I never knew there would be a better tomorrow But you've come into my life and taken away all my sorrow
My days of sadness are a thing of the past Because I have found true love at last
My days of emptiness are gone for good Because you fill a void in my heart that you should
You've opened a window You've shown me the light And my love for you will continue to burn bright.
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Dim 22 Avr - 19:32
Tu parles du mien là ? Parce que y'en a plusieurs...
Si je racontes de la merde, est-ce que c'est flooder ? =D
Carow
Age : 30 Localisation : Devant l'ordinateur (si si je vous assure...) Emploi | Loisirs : Théâtre !! Humeur : Inscrit(e) le : 10/01/2012 Messages : 356 Points WB : 61
Sujet: Re: Vos poèmes du moment. Dim 22 Avr - 19:34
Celui de cherry est magnifique aussi, mais c'est en anglais, c'est un peu dommage ^^ (non je plaisante) Et je parlais essentiellement du tien, puisque avant celui de cherry, c'est moi qui ais posté